Né le 1er mai 1896 à Madison Barmack (Etat de New York), il est le descendant du général G. R. Clark.
Diplômé de West Point (1917), il est affecté dans l’infanterie et prend part aux combats pendant la 1ère guerre mondiale (Argonne et Vosges, 1918) où il sera sévèrement blessé.
Avant la seconde guerre mondiale,
il est le chef d’etat major adjoint du général Marshall.
Il est général de division en 1942, puis, chef d’état major des forces terrestres. Il dirigera la fameuse opération Torch de débarquement des forces américaines au Maroc (Casablanca) et en Algérie (Oran et Alger) le 8 novembre 1942. Il négociera avec l’amiral Darlan, présent à Alger à ce moment, l’arrêt des combats et le maintien d’une souveraineté française en Algérie et au Maroc aux côtés des Alliés (accords Clark – Darlan). Clark ne participera toutefois pas à la campagne de Tunisie mais il connaît déjà bien les Français.
Il conduit par la suite le débarquement des forces alliées en Italie à Salerne (opération Avalanche) le 9 septembre 1943 à la tête de la Ve armée anglo-américaine (6e US Army et 10e US Army Corps britannique, soit 9 divisions). Les alliés enlèveront Naples trois semaines plus tard après des combats acharnés car Kesselring ordonnera une retraite lente et progressive jusqu’à la ligne de Volturno.
Le général Mark W. Clark demeurera dans l’histoire du Belvédère celui qui donnera l’ordre à Juin de prendre le massif du Belvédère afin de détourner en partie les forces allemandes du verrou de Cassino. L’attaque du Belvédère est donc conçue par Clark comme une manœuvre de diversion.
Clark donnera l’ordre à Juin le 23 janvier 1944 d’attaquer les positions allemandes situées sur le massif du Belvédère le 25 janvier 1944, soit avec un préavis de 48 heures. Cette confiance faite par le général de l’armée américaine aux Français n’est pas due au hasard. En décembre 1943, la 2e Division d’Infanterie Marocaine du général Dody réussit un véritable tour de force en s’emparant du Monte Pantano le 15 décembre 1943 et du contrefort de la Mainarde le 26 décembre 1943, combats durant lesquels les Franco-marocains démontrèrent avec brio leur maîtrise du combat dans les montagnes
(voir la rubrique « la stratégie des Américains » de ce site).
Après le Belvédère,
Clark se rapproche de plus en plus des Français et entretiendra de meilleures relations avec ces derniers qu’avec les Anglais. Clark, en effet, ne cesse de manifester ses désaccords stratégiques avec le général Alexander notamment sur le bombardement du monastère de Monte Cassino, qu’il désapprouve tant pour des raisons stratégiques que spirituelles.
(voir la rubrique « le Monte Cassino » de ce site).
Après le Belvédère, Clark indiquera dans son journal « qu’il ne veut plus combattre qu’avec les Français« . Jusqu’à la fin de la campagne d’Italie, Clark deviendra plus proche de Juin, le Français, que d’Alexander, l’Anglais, et Freyberg, le Néo-Zélandais. Il entrera le 5 juin 1944 dans Rome libéré, dans une Jeep avec Juin à son bord, ce qui illustre avec force le retour en grâce des Français au sein de l’armée alliée.
Clark signera une lettre particulièrement élogieuse à l’égard des soldats du C.E.F. de Juin (reproduite ci-après).
Après la guerre, il participera à la guerre de Corée en tant que commandant des forces américaines (1952-1953), puis, sera commandant de l’école militaire Citadel (Charleston) jusqu’en 1966.
Clark appartient au club des généraux américains dont le nom restera dans l’histoire à l’instar des Patton, Eisenhower, Bradley et Marshall. Il écrit ses mémoires sur la campagne d’Italie dans « Calculated Risk ». Toutefois, on notera que le commandant de la Ve Armée n’y évoquera qu’à peine les combats des Français, ce qui tranche incontestablement avec le ton de la correspondance adressée à Juin. Clark meurt en 1984. Martin Blumenson lui a consacré une biographie en 1985.
Lettre de Mark W. Clark, commandant la Ve Armée au général d’Armée Juin, commandant le C.E.F :
Il m’est extrêmement difficile de trouver les paroles que je voudrais afin d’exprimer mes sentiments de tristesse et de grande perte personnelle à la pensée du départ du C.E.F. et de son très grand chef. Je perds non seulement l’appui infiniment précieux de quatre des plus belles divisions ayant jamais combattu, mais également les avis judicieux et les conseils éclairés d’un ami aussi sincère que bon.
Pour moi, cela a été une source profonde de satisfaction que de constater combien la part vitale prise par les troupes françaises de la Ve Armée pendant toute notre campagne d’Italie contre l’ennemi commun a été universellement reconnue. Pendant ces longs mois, j’ai eu le réel privilège d’être moi-même témoin des preuves les plus éclatantes que les soldats français, héritiers des plus belles traditions de l’Armée française, nous ont apportées. Néanmoins, non satisfaits de ceux-ci, vous et tous les vôtres avez ajouté un nouveau chapitre d’épopée à l’histoire de France ; vous avez réjoui les cœurs de vos compatriotes et leur avez insufflé la consolation et l’espoir pendant qu’ils sont encore sous le joug lourd et humiliant d’un envahisseur exécré.
L’allant et le mépris complet du danger constamment démontrés par le C.E.F. sans exception, ainsi que les hautes qualités militaires professionnelles de l’officier français, ont suscité l’admiration de vos Alliés et la crainte chez l’ennemi. Des bords du Garigliano où vos premiers succès ont donné le ton qui devait caractériser toute l’offensive, puis fonçant sur Rome à travers les montagnes, traversant le Tibre et poursuivant l’ennemi sans trêve jusqu’à Sienne et jusqu’aux hauteurs dominant la vallée de l’Arno, les soldats de France ont toujours accompli tout ce qui était possible et parfois même l’impossible.
A présent, quand vous nous quittez, je formule mes vœux les plus ardents pour de nouveaux succès le long de la route du retour en votre grand pays bien-aimé qui fait montre de tant de force d’âme pendant ces journées d’épreuve.
Avec l’expression de ma profonde reconnaissance pour la très grande contribution que vous avez faite à nos victoires communes, je vous prie de croire, mon cher Général, à l’assurance de mon profond respect.
Mark W. Clark