Le Ravin Gandoet est le nom attribué à une cheminée dans une falaise à pic, mais dont les flancs protègent des tirs d’artillerie provenant du Cifalco.
Selon le maréchal Juin, ce passage menant au Belvédère a été identifié par le lieutenant Jordy le 24 janvier 1944, soit le jour précédent le début des combats. Le commandant Gandoet rapporte au colonel Roux cette découverte et ils décident alors de le dénommer, pour les besoins du repérage et de la communication des tirailleurs entre eux, le « Ravin Gandoet« . Ce nom utilisé par les combattants du 4e R.T.T. est donc resté dans l’histoire.
Le colonel Roux pourtant montagnard aguerri émettra des réserves sur le souhait de Gandoet de lancer la 11e compagnie dans cette escalade du ravin compte tenu du chargement énorme des hommes. Gandoet insistera pour lancer ses hommes dans le passage étroit et pentu.
Les auteurs de ce site se sont rendus en octobre 2007 sur les lieux de la bataille. Nous pouvons confirmer que le Ravin Gandoet est effectivement très difficilement franchissable. Il faut compter au moins cinq heures pour le gravir. Il n’y a ni sentiers ni chemins et cette ascension relève davantage de l’escalade que de la marche. Seuls des personnes en très bonne condition physique peuvent prétendre s’y atteler. Accompagnés d’enfants, nous avons ainsi dû renoncer à marcher sur les traces de la 11e compagnie.
En revanche, le capitaine Cavallero, officier italien et expert en stratégie militaire, le gravira pour les besoins de ses recherches en novembre 2006. Ce passage particulièrement difficile rend compte et met en évidence que l’ascension réalisée par les hommes de la 11e compagnie dans un terrain inconnu, la neige et le froid (avec un paquetage « à peine croyable » selon l’expression même du commandant Gandoet) constituera ce 25 janvier 1944 un authentique exploit.
Voici la description qui est faite du Ravin Gandoet par le général Chambe dans « Le Bataillon du Belvédère » :
La pente de cette gorge est si rapide qu’elle fait frissonner. Ici, à son pied, force est de renverser la tête, pour en suivre, dans le brouillard, la fuite qui va se perdre vers l’infini. Assez large au début, le fond va vite s’amenuisant jusqu’à ne plus mesurer que l’espace d’un ou deux pas. Il est, de surcroît, encombré de blocs de rochers, parfois énormes, que depuis des millénaires, l’érosion et les fontes des neiges y ont précipités. Les franchir relève de l’acrobatie alpine.
Monter par là ? … Si encore il ne s’agissait que d’un bref passage. Mais, on est ici à la cote 60 et la crête à enlever d’assaut, objectif du bataillon, culmine là-haut à 862 mètres. Huit cents mètres à escalader, en s’aidant des pieds, des mains, des genoux, et des dents, avec toutes les armes, les F.M., les mitrailleuses, les mortiers, les obus, les musettes pleines de grenades, les cartouchières, les bidons, les toiles de tente en sautoir, tout l’énorme chargement des hommes. Presque trois fois la hauteur de la Tour Eiffel à gagner, à gravir mètre par mètre. Et cela sans marches, sans main courante, sans aide.