La ligne Gustav s’étend sur plus de 150 kilomètres en partant de la mer Tyrrhénienne.
Après la conquête de la Sicile (opération Husky), les Allemands n’ont aucune illusion sur le comportement qui sera adopté par le gouvernement italien à l’égard des Alliés. Mussolini est renversé le 25 juillet 1943 et le roi d’Italie appelle au pouvoir le vieux maréchal Badoglio. Ce dernier, face à une population lassée de la guerre, sera contraint de capituler devant la progression alliée le 3 septembre 1943.
Les Allemands conscients qu’ils ne pourront contrôler la totalité de la péninsule italienne ont très vite intégré dans leurs plans la perte du sud de l’Italie. Ils décident donc d’édifier une ligne fortifiée courant de Pise à Rimini.
Puis, les Allemands vont utiliser au mieux le relief montagneux italien et vont édifier une série de lignes fortifiées entre Rome et Naples (c’est-à-dire approximativement vers le milieu de la botte). Tout d’abord, est mise en place la ligne Viktor qui suit le fleuve Volturno à l’ouest, puis passe dans la montagne pour rejoindre le fleuve Biferno à l’est. Les Allemands se replient ensuite derrière la ligne Barbara qui est constituée d’une série de points d’appui destinée à retarder l’avance de la Ve Armée.
A une quinzaine de kilomètres plus au nord de la ligne Barbara, les Allemands édifient une seconde ligne, la ligne Bernhard qui court de l’embouchure du Garigliano jusqu’au massif du Matese.
Encore plus au nord, la position la plus solide est édifiée : il s’agit de la ligne Gustav.
Celle-ci est constituée d’une série de fortifications construites par l’organisation Todt. Outre les unités du génie et les soldats allemands présents en Italie, 44.000 travailleurs italiens participent à la construction des fortifications. La ligne Gustav s’étend sur plus de 150 kilomètres en partant de la mer Tyrrhénienne. Elle longe le Garigliano, traverse les Apennins et en particulier les Abruzzes pour se terminer en mer Adriatique à l’embouchure de la rivière Sangro. La ligne était fortifiée avec des puits à canon, des forteresses en béton, des emplacements de mitrailleuses et de lance-flammes, du fil de fer barbelé et des champs de mines. Des trous individuels et des tranchées parsèment les positions. Les villages et les villes sont transformés en véritables forteresses. La ligne Gustav est jalonnée de tourelles de Panther et de M6 panzernest (cloches blindées pour mitrailleuses).
Le centre de la ligne est approximativement le Monte Cassino (d’où l’expression du « verrou » de Cassino). La ville de Cassino sera donc fortifiée de manière importante (mais le monastère du Monte Cassino n’est ni occupé par les allemands ni fortifié). La ligne Gustav barre l’accès au nord du pays et à sa capitale Rome.
Kesselring est convaincu que cette ligne sera efficace face aux Alliés qui, selon son expression, s’y casseront les dents. Les faits ne lui donneront pas complètement tort car les alliés mettront cinq mois pour franchir la ligne Gustav bien qu’elle fut percée pour la première fois par les français le 26 janvier 1944 (11e compagnie – 3e bataillon du 4e R.T.T.).