Le 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (4e R.T.T.) est une unité de l’armée française créée en 1884.
Un tirailleur désigne dans le vocabulaire colonial un soldat de l’infanterie « indigène« . Les premiers « bataillons indigènes » furent créés peu après la colonisation de l’Algérie en 1830. En 1841, trois bataillons de « tirailleurs indigènes » furent formés, un pour chaque province algérienne, avec des officiers français (parlant obligatoirement arabe) et des officiers musulmans.
Les régiments de tirailleurs algériens (qui comprenaient donc initialement des Tunisiens) étaient à l’origine réunis sous un seul système de numérotation. Plus tard, une différentiation s’opère entre tirailleurs algériens et tirailleurs tunisiens et les numéros multiples de 4 sont attribués aux tirailleurs tunisiens (4e, 8e, 12e, 16e, etc), les autres sont attribués aux tirailleurs algériens.
La devise du 4e RTT est « sous la garde d’Allah« .
Le 4e R.T.T. comprend six bataillons de 600 hommes chacun en 1899. Au début du 20e siècle, le premier bataillon effectue la campagne du Tonkin, puis le 2e, le 3e et le 4e effectuent la campagne du Maroc où ils combattent les tribus marocaines hostiles au protectorat français. Au début de la première guerre mondiale, la France mobilise 62.461 musulmans, 9.000 français de Tunisie et 24.442 « tirailleurs coloniaux », soit au total de 86.903 hommes. Les faits d’armes des tirailleurs tunisiens leur valent Croix de guerre, Médaille militaire et Légion d’honneur, six citations à l’ordre de l’armée (et par conséquent l’attribution de la fourragère rouge), ainsi qu’une participation au défilé du 14 juillet 1919.
Après la première guerre mondiale, une nouvelle numérotation est mise en place, le 4e R.T.T. correspond au 24e R.T.T. lorsque les bataillons sont situés sur le territoire métropolitain (le 28e est rattaché au 8e, le 24e au 4e, etc).
Le 4e R.T.T., régiment à fourragère rouge, est alors considéré comme un régiment d’élite.
Le maréchal Juin le décrit dans « La Campagne d’Italie » comme un :
Le général Weygand a le même jugement dans son « Histoire de l’Armée française » (1953) et le décrit comme :
Il s’agit par conséquent d’un régiment attractif tant pour les soldats que pour les officiers désireux de mener une carrière sur le terrain dans un régiment prestigieux.
En 1943, le 4e R.T.T. est incorporé dans la 3e Division d’infanterie algérienne (3e D.I.A.) nouvellement créée qui sera commandée par le général de Monsabert. Le 4e R.T.T. est commandé par le colonel Roux à compter du 9 mai 1943.
Le 4e R.T.T. est désigné le 23 janvier 1944 par le général Monsabert pour l’offensive au nord-est de Cassino, manœuvre de diversion ordonnée par le général Clark au C.E.F.
Cette offensive constituera la bataille du Bélvédère. Conduite essentiellement par le 4e R.T.T., le rôle de soutien du 3e Régiment de Tirailleurs Algériens (3e R.T.A.) et du 7e Régiment de Tirailleurs Algériens (7e R.T.A.) qui appartiennent également à la 3e Division d’Infanterie Algérien (3e D.I.A.) ne doit toutefois pas être négligé.
Après les combats du Belvédère, le 4e R.T.T. sera bien plus que décimé : les trois quarts des cadres sont tués ou blessés, 279 hommes sont tués (dont 15 officiers), 426 hommes sont portés disparus (dont 5 officiers) et 800 hommes sont blessés (dont 19 officiers), soit au total les deux tiers de l’effectif engagé dans les combats. Le deuxième bataillon a été anéanti en presque totalité. Certaines compagnies perdent parfois la quasi-totalité de leurs effectifs (comme la 9e compagnie).
Si la bataille du Belvédère constitue indéniablement une victoire de l’armée française, il faut néanmoins relativiser l’emploi de cette expression car cette « victoire » a entraîné des pertes anormalement élevées par rapport à l’effectif engagé. En outre, la victoire du Belvédère demeurera malheureusement peu exploitée par les Alliés surpris par la percée réalisée par le 4e R.T.T.
Reconstitué après le Belvédère, le 4e R.T.T. participera à la bataille du Garigliano, puis, au débarquement en Provence, à Hyères, Porquerolles, Toulon et Marseille. Il effectuera une brillante campagne dans les Vosges et jusqu’en Allemagne. Le 4e R.T.T. est en particulier le premier régiment français à pénétrer en Allemagne en 1945.
Le 4e R.T.T. participera à la guerre d’Indochine jusqu’en 1955.
Après l’indépendance de la Tunisie (1956), le 4e R.T.T. est transféré en Algérie pour être dissous à l’issue des événements le 30 mai 1962.